21 avril 1944 – 21 avril 2004

Le droit de vote des femmes a soixante ans

 

 

21 avril 1944, le général de Gaulle promulgue l’ordonnance qui en son article 17 accorde le droit de vote aux femmes :

 

« Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes dès les premières élections après la Libération »

 

29 avril et 13 mai 1945, les femmes votent pour la première fois.

Un acquis récent qui appelle d’autres combats pour la citoyenneté des femmes.

 

 

Quelques dates marquantes de ce qui fut un long combat

Que de combats depuis la prise de la Bastille pour que la République reconnaisse enfin le droit de vote aux femmes ! La conquête de ce droit si légitime, nous la devons à la conviction et l’opiniâtreté d’hommes politiques, d’intellectuels, de journalistes, d’hommes et de femmes pour lesquels l’égalité des femmes n’était pas un concept vide de sens.

C’est Condorcet qui inaugure une série d’actions significatives, lorsqu’il publie en 1790 un texte sur « L’admission des femmes au droit de vote », relayé en 1793 par Olympe de Gouges et sa « Déclaration des droits des femmes ».

Le 19ème siècle voit essentiellement la création de journaux qui diffusent régulièrement appels et manifestes : « La voix des femmes » d’Eugénie Niboyet (1848), « La Citoyenne » d’Hubertine Auclert (1880), « Le journal des femmes » de Maria Martin (1891), « La Fronde »  de Marguerite Durand (1893).

Il faut plus d’un siècle pour que les suffragistes descendent dans la rue avec, par exemple, le succès de la manifestation du 5 juillet 1914 qui réunit 6000 personnes à Paris, organisent un plébiscite féminin (avril 1914) et créent des associations comme « L’Union Française pour le Suffrage des Femmes » (1909) et « L’Union Nationale pour le Vote des Femmes » (1925).

Toutes ces actions visent naturellement à peser sur le pouvoir politique ; et pourtant, en dépit de 6 propositions de loi pour le vote des femmes entre 1901 et 1936, jamais le Sénat n’inscrit ce point à l’ordre du jour.

Ce sont d’autres initiatives courageuses qui conduisent l’Assemblée consultative provisoire, avec le Général de Gaulle, à promulguer l’ordonnance du 21 avril 1944 dont l’article 17 dit « Les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes dès les premières élections après la Libération ». Citons par exemple l’action du Parti Communiste qui en 1925 met des femmes en position éligible sur les listes municipales, celle de Pierre Mendès France qui, en 1936 à Louvier, fait élire des conseillères municipales et celle de Léon Blum qui, la même année, nomme trois femmes Sous-Secrétaires d’Etat.

 

 

Soixante ans après avoir conquis le droit de vote, les femmes exercent leur responsabilité citoyenne au même titre que les hommes et la démocratie s’en trouve renforcée.

 

Dans le domaine familial également, les droits des femmes égaux à ceux des hommes sont une acquisition récente ; exemple : possibilité pour les femmes de gérer leurs biens propres et d’exercer une activité professionnelle sans le consentement de leur mari (1965), autorité parentale exercée conjointement entre époux (1970), gestion conjointe par les deux parents des biens de leurs enfants mineurs (1985)…

 

Mais il reste encore bien des Bastille à conquérir ! Citons la parité et l’égalité professionnelle.

 

 

La parité

La loi du 6 juin 2000, a eu pour objet de favoriser l'égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives.

Pour permettre son adoption, le Parlement fut réuni en congrès à Versailles afin de modifier la Constitution. Droite et gauche, à l’unanimité, votèrent les textes laissant espérer une plus juste représentation féminine. Pourtant les élections législatives qui suivirent (juin 2002) n’envoyèrent à l’Assemblée nationale que 12,30 % de femmes.

Le tintamarre médiatique, pour un si piètre résultat, n’est autre que la conséquence des choix faits par les deux partis dominants à l’Assemblée nationale qui n’ont présenté que 19,93 % (UMP) et 36,13 % (PS) de femmes. Rappelons qu’à ces mêmes élections, le MRC lui, a présenté 180 femmes sur 403 candidats...

Avec le recul, on peut dire que la parité a été utilisée par les partis riches pour donner une image positive d’eux-mêmes. Dans les faits, ils ont préféré payer des amendes plutôt que de présenter des femmes ! Pourtant, dans les cercles dirigeants, on parle de la parité comme d’une chose acquise et le nouveau sujet à la mode y est l’égalité professionnelle.

 

L’égalité professionnelle

A l’occasion du 8 mars 2004, Jacques Chirac s’est « personnellement » engagé sur le dossier de l’égalité professionnelle qui représente, selon lui, « la nouvelle frontière de la parité. » Il a invité les partenaires sociaux à faire preuve d’audace.

Pour le MEDEF « les femmes constituent un vivier de compétences dont une société moderne a besoin » et chez Renault on a remarqué que « les clients sont pour moitié des clientes. »

Petit bémol à ce concert de déclarations enthousiastes, le budget 2004 consacré aux droits des femmes est en baisse de 24,2 % par rapport à 2003. Et ce n’est certainement pas en pensant aux femmes que Nicolas Sarkozy a eu la lumineuse idée de vendre les stocks d’or de la Banque de France. Non, on peut raisonnablement se dire que notre nouveau ministre des finances tente de résoudre l’insoluble équation des caisses vides et d’une croissance en berne, lui qui à propos des déficits, a affirmé le 3 avril dernier au conseil Ecofin : « La France a pris des engagements. Je n'ai pas été mandaté pour revenir dessus... »

Dure tâche lorsque dans le même temps, l’INSEE constate que le ralentissement du revenu des ménages déjà perceptible en 2003 s’accentue en 2004, que l’Euro fort a coûté 0,6 point de croissance à la France en 2003 et que la presse révèle que selon les chiffres officieux du ministère des finances la dette atteindrait 67 % du PIB en 2005 avec un déficit qui s'élèverait à 4 %.

Mais qu’importent les chiffres alarmistes ! Lorsque les débâcles électorales se succèdent (21 avril 2002 pour le PS, 21 et 28 mars 2004 pour l’UMP) l’important, pour se tirer d’affaires, est de COM-MU-NI-QUER ! Et ce qui n’était pas possible pour les chercheurs ou les intermittents hier le devient aujourd’hui sans le moindre changement de cap politique !

On est loin de la situation professionnelle des femmes ? Pas vraiment, car en pareilles circonstances, la « communication » requiert de l’imagination et parfois même quelques détours. L’égalité salariale entre les hommes et les femmes, pour celles qui la réclament, sous-entend élévation des revenus féminins et non nivellement par le bas de l’ensemble des salaires. Sommes-nous sûrs que nos dirigeants l’entendent de cette oreille ? Pour mémoire, rappelons que les différences de rémunérations entre les hommes et les femmes sont de l'ordre de 25 % en moyenne et que si l’on s’intéresse à des carrières équivalentes un écart irréductible perdure à hauteur de 11 %.

A l’heure de l’élargissement vers l’Est de l’Union européenne, la menace est bien réelle d’une baisse généralisée des salaires, les niveaux de vie des nouveaux arrivants étant notoirement inférieurs aux nôtres.

Prenons garde à ce que l’égalité professionnelle ne soit pas détournée de son but initial comme ce fut le cas pour la parité, inventée pour améliorer la représentativité des femmes, et qui a, dans les faits, servi à la propagande des partis politiques dominants. L’égalité professionnelle pourrait, si nous laissons faire, devenir un cheval de Troie de la mise en place de politiques libérales.

Ce risque est d’autant plus réel que les anciens pays communistes n’ont pas fait mieux que nous pour ce qui concerne la situation des femmes. En effet, selon le rapport Enwise (Enlarge Women In Science to East) remis à la Commission européenne début 2004, les compétences des femmes scientifiques sont toujours sous-exploitées dans les pays de l’Europe centrale et orientale (PECO). Les femmes y demeurent sous-représentées dans les postes à responsabilité et sont en revanche plus nombreuses dans les domaines où les investissements en recherche et développements sont faibles.

 

Pour une véritable reconnaissance du travail des femmes :
l’Europe des peuples contre l’Europe libérale

Rendre à la politique ses lettres de noblesse, c’est gouverner pour les peuples et non pas contre eux. C’est après des décennies d’impostures et de mensonges que nos dirigeants, aux abois, tentent par tous les moyens de poursuivre la politique libérale alors qu’il faudrait mettre en œuvre de grands projets pour sortir la Nation du marasme économique et social dans lequel l’ont plongé ces mêmes politiques menées sans interruption depuis 1983.

L’élection du Parlement européen le 13 juin prochain, se déroulera dans un contexte de crises multiples : crise économique engendrée par la mondialisation et crise de spiritualité se nourrissant de la tragédie sans fin du Proche-Orient et aussi de l’insécurité accrue depuis l’invasion américano-britannique en Irak. Autant de paramètres qui ne préjugent rien de bon pour les femmes dont le sort ne s’est jamais tant amélioré qu’en période de croissance économique et de valorisation des idées progressistes.

Est-ce ce contexte dangereux qui pousse certains socialistes à militer pour une Europe sociale ? Peut-être, mais dans ce cas, plutôt que de réclamer une « Constituante » ou une « République européenne », termes dont on ne comprend pas bien ce qu’ils recouvrent, pourquoi ne pas se prononcer clairement contre la « Constitution » Giscard qui scelle dans le marbre un avenir libéral de l’Europe. Notons que l’article III énonce « L’Union  offre à ses citoyennes et à ses citoyens un espace de liberté, de sécurité et de justice sans frontières intérieures, et un marché unique où la concurrence est libre et non faussée. »

La position du MRC est, quant à elle, sans ambiguïté : nous sommes pour la tenue d’un référendum sur la question car ce sujet engage pour de nombreuses années l’avenir des peuples qui veulent rester maîtres de leurs destinées.

Dans le contexte de régression sociale que ne manquerait pas de creuser la « Constitution » Giscard, les femmes, qui constituent l’essentiel des salariés pauvres et des précaires, seraient les premières victimes.

Seule l’application de mesures résolument anti-libérales permettrait aux salaires des femmes d’atteindre ceux des hommes et non pas de niveler, encore et toujours par le bas, les revenus du travail. La Banque centrale européenne, par exemple, doit avoir des objectifs de lutte contre le chômage, de croissance et de création d’emplois. Il faut remettre en question son indépendance et la placer sous le pilotage des représentants des Etats et non pas être indépendante comme c’est le cas actuellement. Les Etats doivent pouvoir soutenir voire nationaliser une activité d’intérêt public ou stratégique.

Il faut en finir avec la politique des faux-semblants, et de la « communication », parler d’égalité salariale signifie relever les salaires féminins. Pour cela il n’y a pas d’autre alternative que des politiques européennes et nationales tournées résolument vers l’emploi et la croissance. Les femmes ont acquis le droit de vote voilà soixante ans et il est grand temps qu’elles deviennent des citoyennes à part entière en accédant à tous les métiers avec des salaires identiques à ceux de leurs confrères masculins.