Un des axes de la stratégie gouvernementale pour tenter d’imposer la réforme Fillon sur le financement des retraites consiste à opposer les salariés du public à ceux du privé alors que l’alignement proposé des différents régimes conduira à baisser toutes les pensions de retraites.

 

La situation des femmes n’est jamais abordée par nos dirigeants  et on les comprend car il se joue là, une baisse de leur niveau de vie non pas quantitative, mais bien souvent qualitative !

 

Pour étayer cette affirmation, il suffit d’examiner les mesures gouvernementales à la lumière de la situation des femmes, endurant des politiques salariales et d’emploi discriminatoires, palliant à des politiques familiales peu dignes d’une République sociale et moderne.

 

Démonstration…

 

 

Retraites, familles… C’est l’ensemble de la politique gouvernementale qui représente une régression pour les femmes

D’une manière générale, le reproche majeur que l’on peut faire au plan Fillon est de ne chercher de sources de financement autres que les revenus salariés. C’est ce cadre de travail qui conduit inéluctablement à une baisse drastique de l’ensemble des pensions et met à mal le régime par répartitions.

 

Les choix gouvernementaux sont des choix réactionnaires appauvrissant les salariés mais garantissant des revenus financiers toujours plus conséquents. La tactique est la suivante : on augmente les cotisations ; on aligne le public sur le privé en le soumettant à la loi des 40 annuités (hypocrisie majeure puisque personne n’est en mesure de travailler aussi longtemps) ; une fois isolés, on règlera leur compte aux salariés des régimes spéciaux (EDF, SNCF, RATP…) ; quand le moment lui semblera opportun, le MEDEF pourra sonner la charge pour réclamer 42 annuités.

Au vu de l’ampleur du mécontentement social, nous mesurons combien était juste la proposition du candidat Chevènement de revaloriser le travail.

 

Pour les salariés les plus modestes, ce gigantesque bond en arrière peut s’avérer dramatique or selon Nicole Ameline, Ministre déléguée à la parité et à l’égalité professionnelle, « Il y a près de 80 % de femmes parmi les personnes qui, en France, gagnent moins que le SMIC. »

Les femmes, dont les carrières sont en général plus courtes que celles des hommes car ce sont elles qui s’arrêtent pour l’éducation des jeunes enfants, seront particulièrement touchées par les mesures de décotes pour années manquantes (3 % dans le public selon le plan Fillon, 10 % dans le privé). Petit cadeau de François Fillon, à moins que ce ne soit celui de Jean-Pierre Delevoye, aux femmes fonctionnaires : une femme qui s’arrête pour un congé de maternité pourra prétendre à un trimestre et non un an de cotisation !

 

Côté politique familiale, on pourrait se réjouir du fait que la Prestation d’Accueil du Jeune Enfant (PAJE) soit attribuée dès le premier enfant mais, sans véritable politique de retour à l’emploi il y a fort à parier qu’elle conduira bon nombre de femmes à se retirer du marché du travail sinon définitivement du moins pour une durée souvent bien plus importante qu’initialement prévue. Mesure donc, qui aggravera le contentieux concernant les retraites !

Il faudrait également considérer le montant des sommes allouées, le peu de cas que la politique familiale  de la droite accorde aux pères et bien d’autres choses encore....

 

Situation des femmes : un état des lieux peu encourageant…

En 2001, la retraite des femmes était inférieure de 42 % à celle des hommes. Les femmes constituent du reste l’immense majorité des 750 000 personnes vivant du minimum-vieillesse.

 

Selon la DREES (direction de la recherche des études, de l'évaluation et des statistiques), « La faiblesse relative des retraites perçues par les femmes s'explique par des carrières souvent brèves et moins bien rémunérées. » Toujours selon la DREES en 2001, 39 % des femmes ont pu faire valider une carrière complète contre 85 % des hommes. Elle précise toutefois que « l'amélioration progressive des carrières féminines au cours des dernières décennies élève le niveau des pensions avec le renouvellement des générations. »

 

Tempérons tout de même ce relatif optimisme : en 2001, selon une étude de l’INSEE, les femmes représentaient 83,1 % de la population active occupée à temps partiel.

Nicole Ameline, lors de son audition par la délégation aux droits des femmes de l’Assemblée Nationale le 24 juillet 2002, précisait que « Les différences de rémunérations entre les hommes et les femmes sont de l'ordre de 25 % en moyenne, un écart irréductible perdure à hauteur de 11 %. On note, entre les hommes et les femmes, près de 5 points d'écart dans le chômage des moins de 25 ans.»

 

Le montant de la retraite étant directement proportionnel aux revenus salariés, nul besoin d’être grand économiste pour affirmer que les femmes seront les premières à souffrir d’une diminution des pensions ! Faudra-t-il à l’avenir créer des aides pour retraitées pauvres ? La question mérite d’être posée…

 

…Pourtant les moyens pour supprimer les inégalités existent

Si la loi Roudy (13 juillet 1983) sur l’égalité professionnelle était appliquée, elle permettrait de relever de 25 %  (voir les chiffres ministériels cités ci-dessus) la masse salariale féminine et en proportion, les montants des cotisations des femmes. Malheureusement, on sait ce qu’il est advenu de la loi Roudy : faute de dispositifs coercitifs à la hauteur des enjeux, elle demeure une louable et généreuse intention…

 

Il faut une réelle volonté politique pour penser et imposer une véritable égalité salariale entre les femmes et les hommes ! Il faut une volonté centralisatrice pour gommer les disparités qui perdurent au niveau global. Jean-Pierre Chevènement lors de la campagne présidentielle de 2002, avait proposé la création d’un « observatoire national de l’égalité professionnelle entre les hommes et les femmes ».

 

La loi Genisson du 9 mai 2001 peut représenter une avancée mais elle ne viendra pas à bout de l’inégalité salariale généralisée. Quel est en effet son objectif ? Il vise à intégrer la notion d’égalité professionnelle dans les négociations contractuelles sur les salaires, les conditions de travail, la formation, etc. Avec en particulier chaque année la présentation pour avis, au CE ou à défaut aux délégués du personnel, d’un rapport écrit de l’employeur sur la situation des hommes et des femmes.

Cette loi constituera un outil solide pour la négociation le jour où les femmes auront gagné une représentation syndicale égalitaire. Syndiquez-vous citoyennes !

En attendant, que propose-t-on dans les entreprises où les syndicats sont faibles voire inexistants ? Que devient la masse des salarié(e)s travaillant dans des petites entreprises familiales ?

 

Comment parler du sort des femmes sans s’intéresser à la politique familiale ?

A terme, le renouvellement des générations a une influence décisive sur l’équilibre financier des régimes des retraites. Il est injuste, et on vient de le voir néfaste pour l’ensemble de la collectivité, que faute d’une politique sociale digne de ce nom, l’investissement des femmes dans l’éducation des enfants se traduise en termes de salaires peu revalorisés, de carrières sacrifiées, de formations insuffisantes et en bout de course de pensions sous-évaluées !

 

Une République sociale soucieuse d’égalité doit assumer sa part de responsabilité dans l’éducation des enfants, ces citoyens en devenir. Elle ne doit pas se décharger sur une partie de la population – les femmes – pour assumer les tâches qui lui reviennent. Pour ne citer qu’un chiffre, aujourd’hui seulement 8 % des enfants de moins de trois ans ont accès à une crèche collective ! Ce n’est pas tolérable. Cependant,  si les infrastructures consacrées à la petite enfance doivent répondre aux besoins réels du pays  cela ne suffit pas : il faut une politique familiale sans faux-semblants.

 

En premier lieu, les personnels (féminins) s’occupant de la petite enfance doivent voir leurs salaires notablement revalorisés. Scandale absolu, il arrive que des équipements coûteux comme des crèches soient sous-utilisés faute de pouvoir recruter du personnel tant les salaires proposés sont bas !

 

Une politique familiale innovante proposerait le congé parental rémunéré alterné assurant une continuité dans l’acquisition des points de retraite, elle favoriserait le retour à l’emploi du parent ayant pris un congé d’éducation, avec notamment une formation de remise à niveau. Une politique familiale ambitieuse proposerait des aides aux PME PMI où l’absence d’un salarié désorganise notablement l’activité.

 

Une politique familiale moderne doit apporter une aide à la famille, c’est à dire aux deux parents. Il faut en finir avec les mesures qui pénalisent les mères et qui permettent mal aux hommes d’assumer pleinement leur rôle de pères.