29 avril et 13 mai 1945, les femmes votent pour la première fois !

 

Depuis la prise de la Bastille, que de luttes aura-t-il fallu mener pour qu’enfin la République reconnaisse ce droit si légitime aux citoyennes !

 

Petite chronologie d’une conquête républicaine…

 

 

 

Sous l’Ancien Régime, les veuves dotées d’un fief et les mères abbesses peuvent voter aux Etats Généraux.

 

Le 3 juillet 1790, Condorcet se prononce pour le vote des femmes dans un article du « Journal de la société de 1789 ».

 

En septembre 1793, Olympe de Gouges publie la déclaration des droits des femmes (article 10 : « La femme a le droit de monter à l’échafaud, elle doit avoir également celui de monter à la tribune. »)

 

 1848, Eugénie Niboyet crée « La voix des femmes ».

 

Le 5 mars 1848, le gouvernement provisoire de la République instaure le suffrage universel masculin.

 

1868, une vingtaine de femmes diffusent, avec l’appui du journal « l’Opinion Nationale » un manifeste réclamant le droit de vote.

 

Le 13 février 1881, Hubertine Auclert lance le journal « La Citoyenne ».

 

1891, Maria Martin crée le « Journal des femmes ».

 

1893, Marguerite Durand lance un quotidien : « La Fronde »

 

Le 1er juillet 1901, première proposition de loi par Gautret, accordant le droit de vote aux femmes (majeures et célibataires, veuves ou divorcées).

 

1903, « La Fronde » devient un mensuel jusqu’en 1905.

 

La loi du 27 mai 1907 dispose que les femmes sont électrices et éligibles aux conseils des prud’hommes.

 

Le 3 mai 1908, manifestation à Paris pour le droit de vote des femmes.

 

1909, Création à Paris de l’Union Française pour le Suffrage des Femmes (U.F.S.F.), suffrage limité pour des raisons tactiques au suffrage municipal.

 

Le 16 juillet 1909, le rapport Buisson propose à la chambre l’électorat et l’éligibilité des femmes dans les mêmes conditions que les hommes.

 

1914, l’U.F.S.F. compte 12 000 membres.

 

Avril 1914, un plébiscite féminin organisé par les suffragistes réunit  505 972 oui pour le vote des femmes.

 

Le 5 juillet 1914, une première et unique manifestation suffragiste réunit  6 000 personnes à Paris.

 

Le 20 mai 1919, la Chambre des députés adopte pour la première fois une proposition de loi instaurant le vote des femmes, par 329 voix contre 95.

 

Le 21 novembre 1922, le Sénat refuse d’examiner les articles de la proposition de loi sur le vote des femmes  par 156 voix contre 134.

 

1925, création de l’Union Nationale pour le Vote des Femmes (U.N.V.F.) d’inspiration conservatrice et catholique.

 

Le 7 avril 1925, la chambre des députés adopte par 389 voix contre 140 une proposition de loi instaurant le vote des femmes lors des élections municipales et cantonales.

 

Mai 1925, profitant d’une lacune dans la réglementation, le parti communiste place des femmes en position éligible sur ses listes pour les élections municipales dans toutes les communes de la banlieue parisienne. Les élues siègeront effectivement jusqu’à l’annulation de leur élection par les tribunaux.

 

Le 12 juillet 1927, la Chambre des députés adopte, par 396 voix contre 94, une résolution « invitant le Gouvernement à hâter, devant le Sénat, la discussion du projet de loi voté par la Chambre des députés concernant le suffrage des femmes aux élections municipales. »

 

Le 31 mai 1932, la Chambre des députés, par 446 voix contre 60, adopte une résolution par laquelle elle « invite le Gouvernement à user de toute son influence auprès du Sénat pour obtenir que cette Assemblée mette en délibération les textes votés à ce sujet par la Chambre des députés. »

 

Le 1er mars 1935, la Chambre des députés se prononce pour le vote des femmes pour la cinquième fois, par 453 voix contre 124.

 

1935, l’U.F.S.F. compte 100 000 membres et participe avec d’autres mouvements suffragistes à une campagne pour l’élection de conseillères municipales.

 

1935-1936, plusieurs communes organisent des scrutins parallèles mixtes aboutissant à faire élire des conseillères municipales supplémentaires. A Louviers, dont le maire est Pierre Mendès France, six conseillères municipales sont ainsi élues et siègent avec voix délibérative.

 

Le 4 juin 1936, Léon Blum nomme trois femmes sous-secrétaires d’Etat : Cécile Brunschvicg à l’Education nationale, Suzanne Lacore à la protection de l’enfance et Irène Joliot-Curie à la recherche scientifique.

 

Le 30 juillet 1936, la Chambre des députés se prononce pour la sixième et dernière fois pour le vote des femmes, par 495 voix contre 0. Le gouvernement s’abstient. Le Sénat n’inscrira jamais ce texte à l’ordre du jour.

 

Le 23 juillet 1942, le Général de Gaulle déclare qu’« une fois l’ennemi chassé du territoire, tous les hommes et toutes les femmes de chez nous éliront l’Assemblée Nationale. »

 

Novembre 1943, Lucie Aubrac est nommée membre de l’Assemblée consultative provisoire. Elle ne siègera qu’en novembre 1944 à Paris. Une autre femme, Marthe Simard, siège dès 1943.

 

Mars 1944, le programme du Conseil National de la Résistance reste silencieux sur la question du vote des femmes.

 

Le 18 mars 1944, le Général de Gaulle déclare devant l’Assemblée consultative provisoire que « le régime nouveau doit comporter une représentation élue par tous les hommes et toutes les femmes de chez nous. »

 

Le 24 mars 1944, à l’Assemblée consultative provisoire, l’amendement Fernand Grenier instaurant le vote des femmes est voté par 51 voix contre 16.

 

Le 21 avril 1944, l’article 17 de l’ordonnance portant organisation des pouvoirs publics en France après la Libération dispose que « les femmes sont électrices et éligibles dans les mêmes conditions que les hommes. »

 

Le 7 mars 1944, pour l’ouverture de sa session à Paris, L’Assemblée consultative provisoire comporte  dix femmes.

 

Les 29 avril et 13 mai 1945 ont lieu les élections municipales où les femmes votent pour la première fois.

 

Le 21 octobre 1945, voit le premier vote des femmes dans un scrutin national. 34 femmes sont élues membres de l’Assemblée nationale constituante (18  communistes, 1  Union républicaine et résistante, 5  S.F.I.O., 8  M.R.P., 2  divers droite).