A Paris, la manifestation de ce 8 mars 2003 a été le point d’orgue de la marche des « Ni putes, ni Soumises ! ».

Loin des traditionnelles réceptions avec petits-fours, coupes de champagne et discours convenus, les marcheuses ont dénoncé la situation explosive qui règne dans les cités, elles ont fait de ce 8 mars une journée de lutte.

 

Par leur ténacité et leur courage, elles ont attiré l’attention sur les graves dérives qui rongent notre société. Le ghetto pèse sur les exclus qui excluent à leur tour. Les caïds maniant habilement « tradition » et violence font régner leur loi. L’omerta fait le reste rendant la vie des femmes impossible…

 

Pourtant, comme le rappelle Safia, une marcheuse : « Aux politiques de prendre leurs responsabilités. L'argent existe, les solutions aussi. Il faut juste que les responsables mettent le nez dehors et comprennent qu'on en a assez du rafistolage. »

 

Pour mémoire, et parce que la condition des femmes est indissociable des choix politiques gouvernementaux, nous reproduisons ci-après la

 

Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne

rédigée par Jean-Pierre Chevènement le 8 mars 2002.

 

Elle est suivie d’un historique du 8 mars extrait du site du service du droit des femmes et de l’égalité.

 

 

 

 

DÉCLARATION DES DROITS

DE LA FEMME ET DE LA CITOYENNE

 

8 MARS 2002 - Jean-Pierre Chevènement

 

 

Article 1 : L’égalité concrète et effective des hommes et des femmes est au cœur de la République moderne.

 

Article 2 : La recherche de la parité sociale constitue la priorité. L’Etat devra donner l’exemple par un équilibre entre hommes et femmes dans la haute fonction publique.

 

Article 3 : Dans le secteur privé il s’agira d’inciter les entreprises par tout moyen – législatif, financier – pour faire entrer dans les faits le principe « à travail égal, salaire égal ».

 

Article 4 : L’augmentation du SMIC de 25% sur 5 ans profitera immédiatement aux femmes qui forment les gros bataillons des « mal payés ».

 

Article 5 : les hommes et les femmes doivent parvenir à un meilleur équilibre dans la prise en charge des tâches quotidiennes et de l’éducation des enfants.

 

Article 6 : L’Etat républicain doit agir pour faire évoluer les mentalités et la représentation traditionnelle des rôles respectifs de l’homme et de la femme notamment en réglementant le contenu des spots publicitaires et des manuels scolaires, deux vecteurs idéologiques puissants qui confortent aujourd’hui des représentations dépassées.

 

Article 7 : En attendant que les comportements passés évoluent suffisamment, l’Etat devra garantir aux femmes les moyens de concilier vie professionnelle et vie privée et familiale puisque dans la réalité ce sont les femmes qui assurent pour l’essentiel la double journée de travail.

 

Article 8 : Une politique de gestion du temps sera initiée en lien avec les collectivités locales (organisation du temps de travail, horaires d’ouvertures des services publics, des commerces, rythmes scolaires, etc.)

 

Article 9 : Une politique familiale de grande envergure avec notamment l’augmentation en 5 ans de 50% de places de crèches et de postes d’assistantes maternelles sera mise en place.

 

Article 10 : Les interruptions de carrière liées à une maternité et à l’éducation d’enfants en bas âge seront compensées en terme de formation, d’actualisation des connaissances, de remise à niveau et de retraite.

 

Article 11 : La laïcité, principe majeur de la République auquel il faut rester fidèle, aidera les jeunes filles issues de l’immigration à jouer plus que jamais un rôle central dans l’intégration. Les mariages forcés, les violences faites aux femmes et aux jeunes filles seront combattus.

 

Article 12 : La marchandisation du corps des femmes s’accélérant avec la mondialisation et ses réseaux de prostitution à grande échelle, la République devra mobiliser tous ses moyens – police, justice – pour renforcer la législation, aider au quotidien les jeunes victimes.

 

Article 13 : La gynécologie médicale, combat emblématique des femmes pour leur intégrité physique, sera confortée.

 

Article 14 : L’information sur la contraception sera relancée notamment dans le cadre scolaire où cette question devra être traitée en lien avec l’éducation sexuelle en responsabilisant les jeunes garçons car les enjeux affectifs, physiques et moraux de la sexualité ne peuvent peser exclusivement sur les jeunes filles.

 

Article 15 : La loi sur l’égal accès des hommes et des femmes aux mandats politiques que je suis fier d’avoir fait voter sera évaluée et renforcée s’il s’avère, notamment aux élections législatives, que les partis ne saisissent pas les opportunités de la nouvelle législation.

 

Article 16 : L’aspiration à l’égalité, cœur de la devise républicaine, est un combat toujours recommencé que les hommes et les femmes doivent mener ensemble.

 

 

Historique du 8 mars

 

Réunie en 1910 à Copenhague, la Conférence internationale des femmes socialistes décide d’instituer une journée des femmes afin de servir, notamment « à la propagande en faveur du vote des femmes ».

 

L’initiative en revient à l’Allemande Clara ZETKIN (1857-1933) qui dirige de 1891 à 1917 Die Gleichheit (L’Egalité), importante revue (comptant jusqu’à 125 000 abonnés) et organe depuis 1907 de l’Internationale des femmes socialistes.

 

La date du 8 mars fut choisie par Lénine, en 1921, pour commémorer le jour (correspondant au 23 février dans le calendrier de la Russie tsariste) où, en 1917, des ouvrières de Saint Petersbourg manifestèrent dans la rue pour demander du pain et le retour des hommes du front, déclenchant ainsi la révolution de février.

 

Depuis lors, cette journée se traduit à travers le monde par des débats, colloques, expositions ou manifestations. Les femmes prennent la parole pour exprimer leur souhait de voir améliorer leur place dans tous les domaines de la vie sociale, professionnelle et familiale.

 

En France, c’est en 1982 que le gouvernement socialiste a décidé de célébrer officiellement la journée internationale des femmes, le 8 mars de chaque année.